Dernière mise à jour le 07/07/2023 par La rédaction.
Utilisée massivement dans près de 3000 objets du quotidien mais aussi dans l'isolation des bâtiments jusqu'en 1997, l'amiante, cette fibre aux mille usages s'était pourtant rapidement révélée nocive.
On parle aujourd'hui de 100 000 morts liés à l'amiante d'ici à 2025 alors que les dangers de l'amiante étaient connus depuis le début du XXe siècle.
Pouvoir des lobbys industriels, silence des pouvoirs publics, minimisation des risques... ou le récit d'une catastrophe sanitaire annoncée.
Présente dans la nature depuis toujours, l'amiante, fibre minérale aux propriétés ignifuges, isolantes et résistantes, a commencé à intéresser les industriels à partir des années 1860. Utilisée sous forme brute, de plaques, de feutres, de poudres, mélangée à du ciment, à des matières plastiques ou encore à du béton, l'amiante était alors un matériau roi. Entre 1973 et 1975, on estime que la France utilisait près de 150 000 tonnes d'amiante par an. Les principaux producteurs d'amiante étaient alors Eternit et Dalami, avec des usines un peu partout en France.
Pourtant, on le sait aujourd'hui, l'amiante est hautement toxique et a fait plus de mal que de bien sur la planète. En effet, lorsque les fibres d'amiante sont inhalées, elles se déposent dans le tissu pulmonaire ou l'enveloppe du poumon et peuvent causer des maladies plus ou moins graves, comme des inflammations ou des cancers du poumon qui peuvent être mortels. En plus de ces maladies localisées, certaines études lient également l'amiante à d'autres cancers, notamment du larynx, du côlon, de l'appareil digestif, du rectum et de l'appareil urogénital.
Pour comprendre un peu mieux l'histoire et les ramifications de l'affaire, voici un historique des grandes étapes du scandale de l'amiante :
La lente prise de conscience des dangers de l'utilisation de l'amiante s'est notamment faite grâce à des affaires retentissantes qui ont commencé autour des années 1975.
En 1975, à la suite de la mort d'un de leurs collègues, des chercheurs de l'université de Jussieu décident de fonder un groupe de travail pour enquêter sur les circonstances de ce décès. Très vite, ils découvrent que la faculté est en grande partie isolée à l'amiante. Ce premier scandale fut particulièrement retentissant car il a montré que même des utilisateurs sans contact direct avec l'amiante, pouvaient, sans le savoir, en être victime.
Rapidement, l'affaire Jussieu va être transposée jusque dans l'usine Amisol qui fabrique des matelas, tresses et bourrelets en amiante. Henry Pezenat, un des membres actifs du groupe de travail de Jussieu va en effet intervenir dans cette usine pour signaler les dangers qu'encourent les travailleurs qui manipulent l'amiante sans aucune protection.
En 2012, Martine Aubry, Maire de Lille, est mise en examen dans le cadre de l’enquête sur l'exposition des travailleurs à l'amiante dans l’usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau, pour son rôle dans l'affaire en tant que directrice des relations du travail au ministère du Travail. C'est sa gestion défaillante de la crise qui aurait été mise en cause et qui fait toujours l'objet de débats aujourd'hui.
Maxime Lefou est consultant et formateur aux risques amiante depuis 2010. Il propose des formations aux professionnels du secteur qui souhaitent se maintenir à niveau face à l'évolution de la réglementation. Pour en savoir plus et contacter Maxime, cliquez-ici.